UE 2.7 – Défaillances organiques et processus dégénératifs
Maladie d’Alzheimer
I. Définition
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative du système nerveux central. Elle se caractérise par une perte progressive et durable des fonctions cognitives et de l’autonomie.
Elle est caractérisée par un début insidieux et un déclin continu des fonctions cognitives. Son évolution aboutit à une perte d’autonomie et une dépendance progressive.
Elle représente 70% des syndromes démentiels et touche 900 000 personnes en France.
On distingue deux formes :
- La forme sporadique (la plus représentée) qui est multifactorielle et qui concerne 2 à 4% des plus de 65 ans
- La forme familiale qui est d’origine génétique et qui concerne 1% des personnes atteintes
II. Physiopathologie
La maladie d’Alzheimer résulte d’une lente dégénérescence des neurones ; elle débute au niveau de l’hippocampe (structure cérébrale essentielle pour la mémoire) puis s’étend au reste du cerveau.
Le cerveau présente deux types de lésions provoquant une accumulation de protéines qui deviennent toxiques :
- Des dépôts amyloïdes (ou plaques séniles) : dépôts de peptide bêta amyloïde sous forme de plaques
- Une dégénérescence neurofibrillaire : accumulation intraneuronale de fibrilles formées d’une protéine tau anormalement phsophorylée
Il existe également des troubles de la neurotransmission caractérisés par :
- Un déficit d’acétylcholine altérant la transmission cholinergique
- Une accumulation des glutamates au niveau des synapses empêchant la détection du signal nerveux
III. Facteurs de risque
Les facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer sont :
- L’âge
- Le sexe féminin (les femmes sont plus touchées)
- Les facteurs de risque cardiovasculaires (diabète, hypertension artérielle, hyperlipidémie)
- La sédentarité
- Les facteurs génétiques
A l’inverse, la stimulation du cerveau peut retarder les symptômes et leur sévérité : la poursuite d’études, l’activité professionnelle stimulante ou encore la vie sociale active stimulent le cerveau.
IV. Signes cliniques
Les signes cliniques de la maladie d’Alzheimer se caractérisent par un début insidieux et une évolution progressive.
Le début se caractérise par :
- Des troubles de mémoire des faits récents
- Une difficulté à faire des gestes usuels et pour de nouveaux apprentissages
- Des troubles des fonctions exécutives
- Une désorientation temporo-spatiale
La phase d’état se caractérise par :
- Des troubles de mémoire des faits récents et anciens
- Une désorientation temporo-spatiale
- Des troubles du jugement et du raisonnement
- Une aphasie : troubles du langage
- Une apraxie : difficulté à réaliser les gestes du quotidien
- Une agnosie : non-reconnaissance de ses troubles, des lieux, des visages
- Des troubles du comportement
La phase finale se caractérise par :
- Une perte de la marche, des chutes allant jusqu’à l’état grabataire
- Une perte de la communication verbale
- Des troubles de la déglutition
V. Examens complémentaires
Les examens complémentaires sont des tests de fonctions cognitives, des examens d’imagerie médicale et des examens biologiques par ponction lombaire.
Les tests des fonctions cognitives sont :
- Le MMS (Mini Mental Status)
- Le test de l’horloge
- Le test des 5 mots de Dubois
Les examens d’imagerie médicale sont :
- L’IRM cérébrale : permet d’éliminer d’autres causes et peut révéler des anomalies cérébrales associées à la maladie comme une réduction du volume du cerveau ou une atrophie de l’hippocampe
- Le TEP Scan (tomographie par émission de positons) : permet de voir les plaques amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires
La ponction lombaire permet de mesurer certains marqueurs de la maladie dans le liquide céphalorachidien (LCR) : la peptide bêta amyloïde et la protéine tau.
VI. Diagnostics différentiels
Les diagnostics différentiels de la maladie d’Alzheimer sont :
- Syndrome confusionnel
- Démences neurodégénératives
- Démences vasculaires
- Autres démences : métaboliques et endocriniennes, neurochirurgicales, démences associées à des psychopathologies, démences infectieuses ou encore demandes secondaires à une intoxication
VII. Complications
L’évolution se fait progressivement vers la dépendance et la grabatisation :
- Aggravation de la dépendance
- Durée de survie moyenne diminuée
- Développement et aggravation des troubles de mémoire allant jusqu’à la non-reconnaissance des proches
- Troubles du comportement, sphinctériens ou psychiques
- Dépression
VIII. Traitements
La maladie d’Alzheimer ne possède aucun traitement curatif mais il existe des traitements symptomatiques.
Les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase sont indiqués aux stades léger à modéré afin de ralentir le processus : Donépézil (Aricept®), Galantamine (Reminyl®), Rivastigmine (Exelon®). Leur but est d’augmenter la disponibilité cérébrale d’acétylcholine (neurotransmetteur qui facilite la communication entre les neurones).
Les antagonistes du glutamate sont indiqués pour les stades modéré à sévère : Mémantine (Ebixa®).
D’autres traitements symptomatiques peuvent être indiqués :
- Les antidépresseurs pour le syndrome dépressif
- Les anxiolytiques pour l’anxiété
- Les benzodiazépines ou les neuroleptiques pour l’agitation
De plus, il existe également de nombreux traitements non médicamenteux :
- Prise en charge pluridisciplinaire : médecin, IDE, AS, kiné, diététicienne …
- Stimulation cognitive
- Rééducation orthophonique et psychométrique
- Prise en charge sociale
- Aide aux aidants
- Protection juridique
- Maintien d’une vie sociale
- Alimentation équilibrée
Pour résumer ..
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Sources:
- Guide pratique infirmier, Perlemuter, 2020, Elsevier Masson
- Les cahiers infirmiers, Gérontologie Gérontopsychiatrie, C. Verny, 2019, Elsevier Masson
- Les pathologies en un coup d’oeil pour les infirmiers, Stéphane Cornec, 2018, Elsevier Masson
- Processus physiopathologiques, 2015, Sup’Foucher
- Inserm.fr
- Cours IFSI
Mis à jour le 10/07/2021
Auteur : Julie VIOLET