Fondements philosophiques de l’éthique des professionnels de santé
I. Hétéronomie et autonomie
LA CONSCIENCE MORALE DE L’HOMME EST DICHOTOMIQUE
Elle oscille en permanence entre la préoccupation du bien et celle du devoir
Nous vivons au quotidien d’une tension fructueuse entre ces 2 visées, qui est constitutive de notre dignité et de notre responsabilité
2 ORIGINES DIFFÉRENTES DES CRITÈRES DU JUGEMENT MORAL
DEVOIR: respect des principes généraux (universels) de l’action que nous nous sommes fixés, nous forgeons nous-mêmes nos propres lois morales: autonomie
BIEN: analyse particulière des conséquences de l’acte par rapport à une référence extérieure. Les lois morales nous viennent de quelque chose d’extérieur: hétéronomie
2 TYPES D’EXIGENCES MORALES
Normes: devoir, déontologie, autonomie, principes
Valeurs: bien, téléologie, hétéronomie, conséquences
II. Bref historique de philosophie morale
HÉTÉRONOMIE INITIALE
Aristote (hétéronomie naturelle): la morale téléologique du bien, qui conduit au bonheur et l’Homme comme partie de la nature, qui est naturellement bonne
Saint-Augustin (hétéronomie religieuse): Dieu est l’extériorité, la Nature est bonne, parce que c’est Dieu qui l’a créée + énonce que l’Homme (fait à l’image de Dieu) est une personne
“DÉCOUVERTE” DE L’HOMME
Renaissance: émergence de l’homme au XVe-XVIe siècle
Descartes, 1637: la nature est objet de science et c’est la raison humaine qui est le centre des interrogations et des pouvoirs
DÉONTOLOGISME
Philosophie d’E.Kant: un acte est moralement bon si, et seulement si, il est accompli par devoir ou par respect pour la loi (morale)
Visée éthique: l’être moral
UTILITARISME
Fondement hétéronomique naturaliste: les vivants supérieurs agissent toujours pour éviter une douleur et/ou rechercher un plaisir
L’utilitarisme est un téléologisme: une action ne peut être jugée moralement bonne ou mauvaise qu’en raison de ses conséquences bonnes ou mauvaises pour le bonheur des individus concernés
Impératif moral: maximiser le bien et minimiser le mal pour le plus grand nombre
Visée étique: l’agir moral
UNE NOUVELLE HÉTÉRONOMIE
H. Jonas: le principe responsabilité (à la base du principe de précaution)
J. Rawls: théorie de la justice
III. Bases actuelles du raisonnement éthique en santé
Morales du devoir: déontologiques (ex: grossesse pour autrui interdite)
Morales du bien: téléologiques (ex: recherches autorisées sur le pré-embryon)
ETHIQUE DE CONVICTION ET ÉTHIQUE DE RESPONSABILITÉ
Ethique de conviction: affrontement et impasses
Ethique de responsabilité: éthique qui mène au consensus (ou à défaut au compromis)
Elles ne sont pas contradictoires: elles se complètent l’une l’autre, et ensemble constituent l’homme authentique
Exemple d’application: les comités d’éthique
IV. Outils actuels de la réflexion morale dans le domaine médical
LA DOCTRINE ACTE ET OMISSION
Postule qu’il est généralement moins mauvais de s’abstenir d’empecher un mal que de l’accomplir de façon active: faire/laisser faire, tuer/laisser mourir
Ne se réduit pas à action/inaction car souvent l’inaction est “active”
Souligne l’importance de l’intention dans le jugement porté sur l’acte
Exemple: loi Léonetti
- loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie
- interdit l’euthanasie
- proscrit l’obstination déraisonnable
LE PRINCIPE DU DOUBLE-EFFET
Evalue globalement une action à effets multiples, en distinguant l’effet recherché et les effets induits
Peut conduire à poser un acte dont une des conséquences est la mort d’autrui: sédation-analgésie d’un traitement palliatif
Souligne également l’importance de l’intentionnalité de l’agent dans le jugement porté sur l’acte
L’ARGUMENT DE LA PENTE GLISSANTE
Enonce qu’un acte initialement jugé positif risque, par effet de dérive, d’entrainer des conséquences finales négatives
LE PRINCIPE DE PRÉCAUTION
Nouvel outil inventé pour affronter notre ignorance face aux conséquences d’un pouvoir technologique devenu plus grand que notre savoir, et risquant de détériorer notre environnement et éventuellement l’homme lui-même
Destiné aux situations d’incertitude scientifique, celles où le risque n’est pas connu: ne concerne pas la prévention d’un risque identifié
Le principe de précaution est constitutionnel en France depuis Mars 2005 (Art. 5 de la Charte de l’Environnement)
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